En Afrique subsaharienne, 47 % de la population réside dans des zones hors de portée des réseaux, essentiellement à cause d’un manque d’investissements des opérateurs dans des zones jugées peu rentables, aussi en raison d’un faible contrôle de leurs obligations par les autorités, faute de données fiables et tangibles.
La nécessité d’investissements publics importants
L’extension de la connectivité et de l’accès universel au numérique, au bénéfice des plus pauvres et de la ruralité, requièrent des investissements publics importants en complément des incitations réglementaires. L’AFD s’est engagée ces dernières années aux côtés de plusieurs États africains en vue de leur connexion à l’internet mondial, et a financé des infrastructures comme des câbles sous-marins et backbones nationaux.
Aujourd’hui presque tous les pays du continent africain sont reliés à plusieurs liaisons optiques internationales. Le défi à présent est d’étendre les réseaux dans les zones les plus reculées et de couvrir les zones blanches et grises avec un signal de qualité.
L’importance des données fiables et actualisées
Pour être efficaces, les investissements publics et incitations réglementaires doivent se baser sur des données détaillées, actualisées, fiables et ouvertes. Elles n’existent malheureusement pas dans beaucoup de pays, les informations disponibles se réduisant souvent à des statistiques agrégées issues des observatoires de marchés des autorités de régulation, qui mettent à disposition peu d’informations géo-référencées sur la couverture ou la qualité de service.
Les données issues des analyses de couvertures et schéma directeurs financés par les bailleurs de fonds dans le cadre de projets de coopération deviennent malheureusement rapidement obsolètes, faute de mise à jour systématique par les régulateurs. Il est urgent d’accompagner dès maintenant les régulateurs dans la transformation de leur métier et de renforcer leurs capacités dans ce domaine, dans des contextes d’investissements publics importants et de besoins accrus de coordination des acteurs.
Améliorer la transparence et la redevabilité de l’aide au développement
Plus de transparence, plus d’ouverture, c’est aussi doter les usagers d’outils de plaidoyer pour interpeller les opérateurs et favoriser une amélioration globale de leurs services. C’est également un facteur permettant d’impliquer davantage la société civile dans les discussions sur la réduction des inégalités numériques, sujet fondamental pour les gouvernements africains ces prochaines années.
L’existence de données fiables et actualisées permettrait par ailleurs aux bailleurs de fonds de mettre en place des mécanismes de financement de projets plus incitatifs, avec des versements qui interviendraient sur la base de résultats tangibles et « auditables » (results-based financing). Enfin, pour une institution bilatérale comme l’AFD, la donnée ouverte revêt une importance particulière pour améliorer la transparence et la redevabilité de l’aide au développement.